Pennadoù Kazetennoù / Articles de Journaux

OF 14/12/2020 Ploneour.

"À l'approche des fêtes, les élèves de la filière bilingue de l'école Notre-Dame-de-Bon-Secours ont créé des affiches avec un objectif : offrir des sourires et des mots en breton aux Plonéouristes.

« Ils ont cherché des mots en breton en lien avec les commerces et les lieux de la ville et chacun d'entre eux a réalisé une affiche à la manière d'Alexandre Robin, artiste dont les œuvres ont été exposées en juillet », explique Eric Nédélec, directeur de l'établissement.

Ainsi, les enfants célèbrent à leur manière la charte Ya d'ar brezhoneg, signée par la mairie, laquelle vise à promouvoir l'utilisation de la langue bretonne dans la vie courante. Ces affiches peuvent être vues dans les commerces et lieux publics de la ville durant le mois de décembre.

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Le Télégramme 02/12/2020 - Yvon Ollivier et Yannig Baron, respectivement auteur et ancien président de Dihun : 

« C'est un plan Marshall qu'il faut pour sauver nos langues. Il n'est plus acceptable qu'un seul de nos enfants soit encore privé de sa langue».

« Les chiffres parlent d'eux-mêmes : entre 3 et 4 % d'enfants scolarisés en filière bilingue en Bretagne contre près de 50 % au Pays basque nord. 30 % des enfants corses et 20 % des enfants alsaciens bénéficient d'un enseignement bilingue. De nombreuses classes bilingues restent sans professeur durant de longues périodes. Même le fleuron Diwan connaît une baisse d'effectifs depuis deux ans. Qu'est-ce qui ne va pas chez nous ? Que l'on arrête de mentir aux Bretons en leur disant que nous sommes sur le bon chemin ou que l'État porte la responsabilité du blocage. C'est le même État au Pays basque nord et pourtant, ça fonctionne là-bas ! L'ouverture d'une vingtaine de filières cette année, mise en avant par la Région, ne saurait masquer l'échec de cette politique. Qu'y a-t-il de plus important pour un peuple que de sauver sa ou ses langues, sa manière d'être au monde, ce qui le relie avec son passé ? Le sauvetage de nos langues devrait être la priorité première d'une région Bretagne consciente d'elle-même et digne de notre Histoire. Le conseil régional de Bretagne n'y consacre pas même 1 % de son budget ! C'est un plan Marshall qu'il faut pour sauver nos langues. Il n'est plus acceptable qu'un seul de nos enfants soit encore privé de sa langue. Ne rien faire revient à entériner la violence culturelle et psychologique que nous avons subie dans l'Histoire.
« C'est un plan Marshall qu'il faut pour sauver nos langues. Il n'est plus acceptable qu'un seul de nos enfants soit encore privé de sa langue».
L'objectif de généralisation de l'enseignement de nos langues à l'ensemble de nos enfants doit être affirmé et assumé par des politiques adaptées. Il s'agit de l'une des clés du bien-être, du sentiment d'appartenance collective et de la réussite scolaire. L'enseignement intégré multilingue, qui fonctionne à merveille au Pays basque sud, est assurément la meilleure pédagogie. Elle rencontre les aspirations des parents qui souhaitent que leurs enfants Maîtrisent l'anglais. La généralisation de l'enseignement langue régionale-français-anglais, que ce soit en option, en immersion ou en semi-immersion, est l'unique manière de sauver nos langues. Sinon, l'enseignement bilingue français-anglais se développera au détriment de nos langues. Le nombre dérisoire d'enseignants formés chaque année - une vingtaine est plus que préoccupant. C'est là qu'il faut agir avec vigueur pour inciter toutes les universités de Bretagne à mettre en place une licence pro enseignement breton-multilingue. Il faut négocier au plus vite avec l'État un plan de formation massif des enseignants dans nos langues afin qu'ils puissent les enseigner. C'est possible ! Regardons vers la Corse où le rectorat forme plus de 700 enseignants en langue corse ! Tous les peuples en Europe consacrent leur énergie à la sauvegarde de leurs langues et des fondamentaux de leur identité. Pas le nôtre ! Interrogeons-nous sur cette spécificité bretonne et cela même si les personnes chargées de la politique linguistique à la Région sont des gens reconnus pour leur dévouement. Il faut juste aujourd'hui trouver le courage de la vérité ! C'est ce marasme ambiant et l'esprit de résignation que nous devons briser car il n'est pas encore trop tard pour inverser la tendance. Il faut en appeler à la responsabilité politique mais, plus encore, à la responsabilité historique de ceux qui sont aux affaires. Le désir de Bretagne n'a jamais été aussi fortement ressenti qu'aujourd'hui. Et c'est de nos représentants à la région Bretagne que doivent venir les initiatives fortes qui nous remettront dans le sens de l'Histoire, à un moment charnière où le système jacobin agonise ».

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LT 11/12/2020 La loi sur les langues régionales adoptée au Sénat « On inscrit les langues régionales dans le code du patrimoine »

Paul Molac est député de la quatrième circonscription du Morbihan. Ce jeudi, la proposition de loi sur la protection patrimoniale des langues régionales et leur promotion, qu'il soutient, est examinée en première lecture par le Sénat.

Paul Molac : « Le problème reste toujours une question de formation des enseignants. On a beau pousser l'Éducation nationale à le faire, ils sont dépassés par la demande ». (Photo d'archives Jonathan Konitz)

Ce jeudi, le Sénat examine en première lecture une proposition de loi, adoptée par l'Assemblée, relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion. Quelles avancées propose le texte que vous défendez pour les langues régionales ?

La première, c'est qu'on inscrit les langues régionales dans le code du patrimoine, en s'appuyant sur l'article 75-1 de la Constitution. Ensuite, il y a la sécurisation de tout ce qui est signalétique, bilingue évidemment. Il y a aussi les signes diacritiques des langues régionales qui seront donc acceptés dans l'état civil. Cela fait écho au ñ de Fañch. Il y a également une modification de la loi Toubon, qui défend le français. Cela permet qu'elle ne soit pas tournée contre l'usage des langues régionales, parce que certains juges s'y réfèrent pour dire que le Français doit être la langue qu'on utilise. Il y avait aussi des choses sur l'enseignement mais cela a été enlevé à l'Assemblée nationale. Et le Sénat va très probablement remettre deux éléments : un qui concerne le forfait scolaire pour les écoles sous contrat d'associations, dont les écoles diwan ; la deuxième chose serait que, dans toute une partie d'un territoire, on puisse faire la proposition généralisée de la langue régionale. J'en ai discuté avec les sénateurs de différents groupes et la majorité du Sénat s'est mise d'accord.

Reste-t-il des freins à la bonne promotion des langues régionales en France ?

Il en reste et l'un d'eux, c'est que, jusqu'à maintenant, il y a très peu de législations sur les langues régionales. On est en train de la tripler avec une petite loi. De la part de certains, il y a aussi un militantisme anti-langue régionale, mais c'est un aspect qui est largement minoritaire.

Comment vous voyez l'avenir de la langue bretonne ?

Justement, il y a la question de la formation des enseignants et c'est important. Ça doit se faire au niveau des universités et des organismes qui réussissent à faire apprendre le breton en neuf mois. On a réussi à mailler à peu près tout le territoire, de façon à pouvoir faire que tous les enseignants soient en quantité suffisante